Clôture de l’Assemblée ecclésiale d’Amérique latine et des Caraïbes

Assemblée ecclésiale 2021

Du 21 au 28 novembre 2021, a eu lieu, à Mexico, la première Assemblée ecclésiale d’Amérique latine et des Caraïbes, sur le thème : « Tous disciples-missionnaires en sortie ». Une assemblée ecclésiale et non une assemblée des épiscopats : image de la synodalité chère au pape François, elle a regroupé plus de 1000 personnes, laïcs, prêtres, religieux et évêques, sur place et majoritairement à distance. L’Assemblée a publié le 27 novembre son message final, adressé à tout le peuple de Dieu en Amérique latine et aux Caraïbes.

12 défis pastoraux se dégagent de cette semaine d’écoute, de prière et de réflexion :

  • Reconnaître et valoriser le rôle des jeunes comme agents de changement dans la communauté ecclésiale et dans la société;
  •  Accompagner les victimes d’injustices sociales et ecclésiales en mettant en place des processus de reconnaissance et de réparation;
  • Promouvoir la participation active des femmes dans les ministères, les instances ecclésiales de gouvernement, de discernement et de prise de décision;
  • Promouvoir et défendre la dignité de la vie et de la personne humaine, de sa conception à sa mort naturelle;
  • Augmenter la formation en synodalité pour éradiquer le cléricalisme;
  • Promouvoir la participation des laïcs dans les lieux de transformation culturelle, politique, sociale et ecclésiale;
  • Écouter la clameur des pauvres, des exclus et des laissés-pour-compte;
  • Réviser les programmes de formation des séminaires en incluant des thématiques telles que l’écologie intégrale, les peuples autochtones, l’inculturation et l’interculturalité et la pensée sociale de l’Église;
  • Renouveler, à la lumière de la Parole de Dieu et de Vatican II, notre compréhension et notre expérience de l’Église – Peuple de Dieu, dans la richesse de son être ministériel, pour éviter le cléricalisme et favoriser la conversion pastorale;
  • Réaffirmer et donner la priorité dans nos communautés à une écologie intégrale, basée sur les quatre rêves de Chère Amazonie;
  • Faciliter une rencontre personnelle avec Jésus-Christ incarné dans la réalité du continent;
  • Accompagner les peuples indigènes et afro-descendants dans la défense de la vie, de la terre et de leurs cultures.

Message aux peuples d’Amérique latine et des Caraïbes

Nous, membres de l’Assemblée ecclésiale, réunis virtuellement et en présentiel au siège de la Conférence épiscopale mexicaine du 21 au 28 novembre 2021, sous le regard aimant de Notre-Dame de Guadalupe, saluons le peuple de Dieu en chemin, les hommes et les femmes de notre chère Amérique latine et des Caraïbes.

Nous étions unis par le désir de raviver l’esprit de la 5e Conférence générale des évêques d’Amérique latine et des Caraïbes, qui s’est tenue à Aparecida en 2007, en harmonie avec les Conférences générales précédentes et avec à l’horizon le jubilé de Notre-Dame de Guadalupe en 2031 et le jubilé de la Rédemption en 2033.

Nous reconnaissons que c’est Jésus-Christ ressuscité qui nous a rassemblés une fois de plus et qui, comme à Aparecida, nous a fait nous reconnaître comme des disciples missionnaires de son Royaume, envoyés pour communiquer dans un débordement de joie le bonheur de le rencontrer, afin qu’en Lui nous ayons tous la vie en plénitude (cf. Document Aparecida 14). Depuis lors, Jésus nous accompagne dans la tâche de repenser et de relancer la mission d’évangélisation dans les nouveaux contextes de l’Amérique latine et des Caraïbes. Une tâche qui nous a engagés sur un chemin de conversion résolument missionnaire, afin de tout soumettre au service de l’instauration du Royaume de la vie (cf. Doc. Aparecida 366). C’est un objectif sur lequel nous avançons et qui exige une plus grande responsabilité pastorale. Un rêve prophétique que le Seigneur confirme aujourd’hui et qu’il nous encourage à vivre, en marchant ensemble, guidés par son Esprit.

Avec une grande joie, nous avons vécu cette Assemblée comme une véritable expérience de synodalité, dans l’écoute mutuelle et dans le discernement communautaire de ce que l’Esprit veut dire à son Église. Nous avons marché ensemble en reconnaissant notre diversité multiforme, mais surtout ce qui nous unit, et dans le dialogue nos cœurs de disciples se sont tournés vers les réalités du continent, ses souffrances et ses espoirs.

Nous constatons et dénonçons la souffrance des plus pauvres et des plus vulnérables qui subissent le fléau de la misère et de l’injustice. Nous sommes touchés par le cri de la destruction de notre maison commune et de la « culture du déchet » qui frappe avant tout les femmes, les migrants et les réfugiés, les personnes âgées, les peuples indigènes et les personnes d’origine africaine. Nous sommes touchés par l’impact et les conséquences de la pandémie qui accroît encore les inégalités sociales et compromet la sécurité alimentaire d’une grande partie de notre population. Nous sommes touchés par le cri de ceux qui souffrent du cléricalisme et de l’autoritarisme dans les relations, qui conduit à l’exclusion des laïcs, et en particulier des femmes, des instances de discernement et de prise de décision sur la mission de l’Église, constituant un grand obstacle à la synodalité. Nous sommes également préoccupés par l’absence de voix prophétiques et de solidarité effective avec les plus pauvres et les plus vulnérables.

D’autre part, nous sommes remplis d’espoir par la présence des signes du Royaume de Dieu, qui conduisent à de nouvelles formes d’écoute et de discernement. Le chemin synodal est un espace significatif de rencontre et d’ouverture pour une transformation des structures ecclésiales et sociales qui nous permettra de renouveler l’élan missionnaire et la proximité avec les plus pauvres et les exclus. Nos espoirs se portent vers la vie religieuse ; des femmes et des hommes qui, vivant à contre-courant, témoignent de la bonne nouvelle de l’Évangile, ainsi que de l’expérience de la piété populaire de notre peuple.

Cette Assemblée est un kairos, un temps propice à l’écoute et au discernement qui nous relie de manière renouvelée aux orientations pastorales d’Aparecida et au magistère du Pape François, et nous pousse à emprunter de nouveaux chemins missionnaires vers les périphéries géographiques et existentielles et les lieux propres à une Église en sortie.

Quels sont donc ces défis et ces orientations pastorales que Dieu nous appelle à relever avec une plus grande urgence ? La voix de l’Esprit a résonné dans le dialogue et le discernement, nous indiquant divers horizons qui inspirent notre espérance ecclésiale : la nécessité de travailler à une rencontre renouvelée avec Jésus-Christ incarné dans notre réalité continentale ; l’accompagnement et la promotion de l’implication des jeunes ; l’attention adéquate aux victimes d’abus dans les contextes ecclésiaux et l’engagement dans la prévention ; la promotion de la participation active des femmes aux ministères et aux espaces de discernement et de décision ecclésiale. La promotion de la vie humaine de sa conception à la mort naturelle ; la formation à la synodalité pour éradiquer le cléricalisme ; la promotion de la participation des laïcs dans les espaces de transformation culturelle, politique, sociale et ecclésiale ; l’écoute et l’accompagnement du cri des pauvres, des exclus et des laissés-pour-compte. Le renouvellement des programmes de formation dans les séminaires afin qu’ils intègrent l’écologie intégrale, la valeur des peuples autochtones, l’inculturation et l’interculturalité, la pensée sociale de l’Église comme thèmes nécessaires, et tout ce qui peut contribuer à une formation adéquate à la synodalité.

Renouveler à la lumière de la Parole de Dieu et de Vatican II notre compréhension et notre expérience du Peuple de Dieu ; réaffirmer et donner la priorité à la réalisation des rêves de Chère Amazonie ; et accompagner les peuples natifs et afro-descendants dans la défense de la vie, de la terre et de leurs cultures.

Avec une grande gratitude et une grande joie, cette Assemblée ecclésiale réaffirme que le chemin pour vivre la conversion pastorale discernée à Aparecida est celui de la synodalité. L’Église est synodale en elle-même, la synodalité appartient à son essence ; elle n’est donc pas une mode passagère ou un slogan creux. Avec la synodalité, nous apprenons à marcher ensemble comme Église Peuple de Dieu en impliquant tout le monde sans exclusion, dans la mission de communiquer à tous la joie de l’Évangile, comme des disciples missionnaires en sortie.

Le débordement de la puissance créatrice de l’Esprit nous invite à continuer à discerner et à promouvoir les fruits de cet événement ecclésial sans précédent pour nos Églises et nos communautés locales en Amérique latine et dans les Caraïbes. Nous nous engageons à poursuivre le chemin que le Seigneur nous indique, en apprenant et en créant les médiations appropriées pour générer les transformations nécessaires dans les mentalités, les relations, les pratiques et les structures ecclésiales (cf. Document Santo Domingo 30) [i].

L’itinéraire pastoral qui nous attend nous guidera dans le processus de conversion missionnaire et synodale.

Nous remercions le Seigneur de la Vie et toutes les personnes qui ont rendu possible cette Assemblée et nous les plaçons sous la protection de la Vierge de Guadalupe qui accompagne de sa tendresse maternelle le chemin de l’Église sur ce continent. Nous lui confions les fruits de cet événement ecclésial et nous lui demandons son intercession pour qu’avec courage et créativité nous devenions une Église en sortie, synodale et missionnaire, comme le Seigneur l’attend de nous, car nous sommes tous des disciples missionnaires en sortie.

Donné à Mexico, le 27 novembre de l’année du Seigneur.

[i] La 4e Conférence générale de l’épiscopat d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAM) a eu lieu à Santo Domingo, en République dominicaine, en 1992.

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