Chine : l’Étoile et la Croix

Église de Xishiku à Beijing, en Chine.

À l’occasion de l’arrestation de Mgr Joseph Zhang Weizhu, évêque de Xinxiang (Henan), et de plusieurs prêtres et séminaristes, accusés d’avoir violé les nouvelles règles sur les Affaires religieuses, nous avons recueilli l’opinion du père Jean Charbonnier, des Missions Étrangères de Paris, consultant Chine.

Mgr Joseph Zhang Weizhu appartient, selon le père Jean Charbonnier, Mep, au groupe des clandestins irréductibles qui refusent de déclarer officiellement leur statut et de tomber sous le contrôle gouvernemental.

Ces irréductibles persistent à identifier le gouvernement de leur pays à un Parti communiste athée, visant à la destruction de la foi chrétienne, explique le père Charbonnier, qui se consacre depuis de nombreuses années à la compréhension de la réalité chinoise.

Le gouvernement chinois autorise pourtant, nous dit-il, la pratique des grandes religions mondiales dans le cadre étroit des lois sur les religions.

Le pape François, à la suite de Benoît XVI dans sa Lettre aux Évêques, aux prêtres, aux personnes consacrées et aux fidèles laïcs de l’Église catholique en République Populaire de Chine de 2007, autorise la coopération des catholiques chinois avec leur gouvernement et même les encourage à soutenir toute entreprise positive pour le bien social.  Refuser cette chance offerte de sortir de siècles passés de persécution équivaut à rejeter les perspectives ouvertes par Vatican II.

C’est alourdir gravement le labeur de la majorité actuelle des prêtres et évêques de l’Église chinoise qui réalisent de grandes choses en dépit du Covid-19 et des interdits sur l’instruction chrétienne des enfants.

Pourquoi la presse internationale, y compris catholique, s’acharne-t-elle à condamner tout ce qui se fait en Chine populaire ? C’est accroître le sentiment des dirigeants chinois que le christianisme continue à condamner leur pays et leur culture comme à l’époque coloniale.

Inverser la vapeur

Les mesures restrictives contre l’éducation chrétienne des jeunes s’en trouvent renforcées. Il est grand temps d’inverser la vapeur. Depuis l’entrée de la République populaire de Chine aux Nations unies en octobre 1971, les papes n’ont cessé d’espérer une compréhension par les dirigeants chinois du rôle mondial de l’Église en faveur de la paix et d’un monde plus juste. Les dirigeants chinois actuels ont cessé leurs invectives contre l’impérialisme du Vatican. Ils soutiennent même des échanges culturels avec lui. L’accord de septembre 2018, renouvelé en octobre 2020, reconnaît l’autorité religieuse du pape et son droit de nommer ou non les évêques proposés par la Conférence épiscopale chinoise.

À l’occasion des célébrations du centenaire du Parti communiste chinois, un tournant stratégique d’importance semble se produire. Le Parti exige une célébration solennelle à l’église du Beitang à Pékin. Est-ce le baptême d’un Parti qui renoncerait à son athéisme ou une extrême-onction pour vieillard faiblissant et apeuré?

Il y a 70 ans, notre confrère MEP François Dufay publiait un livre célèbre intitulé « L’étoile contre la croix ». Il y a besoin maintenant d’un nouveau livre intitulé « L’Etoile et la Croix ». Les choses ont bien évolué.

Favorisons l’essor de relations amicales. L’entrée de la Chine actuelle dans la vie internationale se fera dans la paix.

Propos recueillis par Maria Mesquita Castro (SNMM)

Bio express 
Le père Charbonnier a été responsable du Service Chine des Missions Etrangères de Paris de 1981 à 2006 à Singapour jusqu'en 1993 puis à Paris.
Son ouvrage principal, "Histoire des Chrétiens de Chine (Fayard 1992 puis Indes savantes 2002), a été traduit et publié en chinois à Pékin (Académie des sciences sociales 1998) ; à Taipei (édition Kuangchi 2005 puis 2013) et en anglais par Ignatius Press de San Francisco : "Christians in China 600-200".  

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